mardi 10 mai 2011

Médicaments et allaitement, ce qu'il faut savoir


Nombreuses sont les préoccupations autour de l'allaitement, la médication en est une, et pas des moindres.
Une des idées reçues autour de ce thème est que lors de l'allaitement maternel il n'est pas possible de se soigner.
C'EST FAUX !
On peut se soigner et même très bien.
Je ne dis pas de prendre cela à la légère bien sur, car tout traitement nécessite des surveillances, une vigilance, et on ne néglige aucun aspect ni de la mère ni de l'enfant.
Mais je ne risque pas de me tromper en affirmant qu'il y a suffisamment de traitements disponibles à ce jour pour trouver ceux adaptés à chaque situation sans pour autant compromettre la santé de l'enfant, la santé de la mère, ou l'allaitement.



La suspension de l’allaitement n’est pas une mesure anodine Elle donne à penser aux mères que le lait peut être dangereux pour le bébé, ce qui est la pire image que l’on puisse donner de l’allaitement.
Elle est source de déception et d’inquiétude pour la mère, ce qui la conduit souvent à interrompre définitivement l’allaitement.

Dans cet article je vais vous soumettre quelques information de base à savoir sur les règles de la médication associé à l'allaitement. Et des informations (numéro, sites) pratiques en cas de doute afin d'avoir un avis sur un traitement prescrit.

LES PRINCIPES GÉNÉRAUX :

- Recommander aux mères d’éviter le recours à l’automédication. (excitants café thé alcool ...)
- Ne traiter que lorsque c’est absolument nécessaire : éviter en particulier les médicaments “ de confort ”.
- Éviter au maximum les associations médicamenteuses. Éviter d'éventuelles interactions avec des médicaments pris par l'enfant.
- Utiliser chaque fois que possible les médicaments administrés par voie locale, cutanée ou inhalée (nasale ou bronchique) : le plus souvent, leurs taux sériques sont très faibles et leurs taux lactés indétectables.
- Examiner le risque encouru en tenant compte de la durée du traitement : une prise ponctuelle unique est inoffensive dans la plupart des cas ; pour un traitement au long cours, il convient en revanche de connaître le passage dans le lait et d’estimer la dose de principe actif reçue par l’enfant.
- Être plus vigilant chez les mères d’enfants prématurés, au cours de la première semaine de vie et en cas d’état pathologique chez l’enfant. (déficit vit K anomalie génétique etc...)
- Préférer les médicaments commercialisés de longue date, disposant d’un recul d’utilisation important, aux produits “ de dernière génération ”, dont la diffusion dans le lait n’est pas encore documentée.
- Prescrire un médicament qui est aussi utilisé en pédiatrie : même s’il passe dans le lait, l’enfant recevra en général une dose bien inférieure à celle qui lui aurait été administrée s’il avait lui-même été traité.
- Dans une classe pharmacologique donnée, choisir le médicament ayant la biodisponibilité la plus faible, le poids moléculaire le plus élevé, la liaison aux protéines plasmatiques la plus forte, et la demi-vie la plus courte ; éviter les médicaments sous forme “ retard ” ou à libération prolongée.
- Conseiller de prendre le médicament juste après une tétée ou ajuster l’horaire des tétées de façon à ce que l’enfant tète à distance des “ pics ” sériques du médicament chez la mère.
- Informer la mère de renforcer la surveillance du bébé
en vue de détecter un éventuel effet indésirable : ictère, diarrhée, refus d’alimentation, somnolence, hypotonie et mettre

Attention : certaines tisanes consommées fréquemment peuvent avoir les mêmes propriétés que des médicaments, y compris chez l’enfant s’il y a un passage dans le lait maternel ! (les plantes contiennent beaucoup de substances médicinales).

POUR UN MÉDICAMENT A RISQUE

- Le bénéfice du traitement ou de l’allaitement doit largement dépasser le risque.
- Sinon : - arrêt de l’allaitement (il est quelquefois possible d’interrompre l’allaitement provisoirement
et d’entretenir la lactation à l’aide d’un tire-lait)
- ou différer le traitement si possible.


MÉDICAMENTS ET ALLAITEMENT,  LES CONTRES INDICATIONS ÉTAYÉ

          Médicament                          Risque observé ou potentiel                            
  •  Amiodarone :                                       Toxicité thyroidienne
  • Anticancéreux (cyclophosphamide, méthotrexate,doxorubicine…) : Risques cytotoxique, immunosuppression, neutropénie…
  • Amphétamines excitation :                    Troubles du sommeil
  • Bromures :                                             Somnolence, hypotonie, éruption cutanée
  • Choramphénicol:                                   “grey syndrome”
  • Dérivés de l’ergot de seigle (bromocriptine,ergotamine) :      Arrêt de la lactation
  • Drogues (cocaïne, phencyclidine…) :     Toxicité chez l’enfant : hallucination…
  • Iode et iodures :                                     Risque de goitre et d’hypothyroidie
  • Lithium:                                                    Lithiémie voisine des taux maternels
  • Médicaments à visée endocrinologique(cyprotérone, , tamoxifène, danazol):   Modification de la sécrétion lacté Effets indésirable endocriniens potentiels
  • Phenindione:                                           Syndrome hémorragique
  • Phenylbutazone:                                     Aplasie médullaire
  • Rétinoïdes:                                              risque d’accumulation
  • Sels d’or:                                                  toxicité rénale et hépatique

LES CONTRES INDICATIONS TEMPORAIRES :

Elles concernent certains traitements ponctuels et notamment les isotopes radioactifs utilisés en
thérapeutique pendant la période de radioactivité dans le lait humain - de 15 à 72 h pour le technétium 99, à
2 semaines pour le gallium 67. Lors de l’administration de produits radio-pharmaceutiques dans un but
diagnostic, on recommande l’utilisation du radio-pharmaceutique compatible avec l’examen ayant la plus
courte durée d’élimination dans le lait.
L’allaitement maternel sera interrompu pendant la durée d’élimination (en général 2 jours) tout en prélevant
le lait pour maintenir les mécanismes de sa production. On peut envisager de réaliser une « réserve » de lait
maternel dans les jours précédant l’examen.

Les médicaments formellement contre-indiqués sont très rares En dehors de quelques situations exceptionnelles, il est toujours possible de repérer dans une classe pharmacologique donnée un produit compatible avec l’allaitement.

Les médicaments qui interfèrent avec la sécrétion lactée sont peu nombreux

Il sont de deux types :
- ceux qui réduisent la production ou l'éjection du lait ;
- ceux qui augmentent la production de lait.

La bromocriptine (Parlodel®) inhibe la libération de la prolactine et donc la production de lait. Son passage dans le lait est mal connu, mais ses effets secondaires sont majeurs : nausées, maux de tête, vertiges, hypotension, ou chute des cheveux. Des cas graves de chocs hypotensifs et d'infarctus du myocarde à l’origine de décès ont également été rapportés. Aux USA, la commercialisation du produit dans l'indication “ Arrêt de l'allaitement ” a été interdite.

Les pilules contraceptives œstroprogestatives, même mini-dosées, empêchent la mise en place de la lactogénèse de type 2 et le maintien de la lactation. Elles sont donc déconseillées pendant toute la durée de l’allaitement.

PASSONS AUX INFO PLUS RASSURANTE


Pour la majorité des médicaments administrés oralement, l’enfant allaité recevra au maximum 1 % de la dose ingérée par sa mère. ” (Thomas Hale)
Contrairement à ce que l’on pense parfois, l’enfant allaité reçoit donc très peu de la dose de médicament prise par sa mère.
Si la dose reçue est généralement si faible, c’est parce qu’avant d’atteindre le lait puis le sang de l’enfant, le médicament suit un long cheminement au cours duquel il rencontre plusieurs “ barrières ”.

PETITE LISTE NON EXHAUSTIVE DE MÉDICAMENTS DE CHOIX CHEZ LA MÈRE ALLAITANTE

Classe Pharmacologique             Médicament                                  
  • Antalgiques /AINS : Paracétamol Ibuprofène
  • Anticoagulants : Héparine
  • Endocrinologie : Insuline Levothyroxine
  • Anti-infectieux : Amoxicilline, amoxicilline+acide clavulanique
  • Corticoïdes : Prednisone Prednisolone
  • Laxatifs :  Mucilages
  • Antidiarrhéiques : Argile charbon loperamide
  • Anti-hypertenseur : Alphaméthyldopa
*sources: Unité de Renseignements « Médicament, Grossesse et Allaitement » Service de Pharmacologie Clinique CHU Toulouse
*Dr Marie Thirion et Dr Carole Fredoueil
Sachez que dans tout les cas il vous est possible d'en parler avec votre médecin traitant, ci celui ci ne souhaite pas prendre de risque il lui suffit de contacter le centre de pharmacovigilance de son secteur (Mais il doit forcément connaitre ;))
Pour le Languedoc Roussillon:
Centre Régional de Pharmacovigilance et d'information sur les médicaments
34295 Montpellier cedex 5
Responsable : M. le Pr Jean-Pierre Blayac

pharmacovigilance@chu-montpellier.fr

Ou toujours pour le Languedoc, vous pouvez prendre contact avec le LACTARIUM de Montpellier
Car, si il doit y avoir un endroit ou ils regroupent toutes les info sur les traitements médicamenteux et le lait maternel , croyez moi , c'est bien dans les lactariums, et sans vouloir jeter des fleurs à notre région, le lactarium de Montpellier et vraiment très au fait de ce sujet, et possède une équipe qui force le respect, de par leurs compétences , leur détermination, et l'amour qu'elles donnent à leur travail.
Permanence téléphonique:  04 67 33 66 99.

Et enfin vous pouvez également consulter à titre indicatif , le site du CRAT (centre de référence sur les agents tératogènes) 
 Service d’information sur les risques des médicaments, vaccins, radiations et dépendances, pendant :
la grossesse et l’allaitement

Si vous avez des questions sur ce sujet, les marraines de l'or blanc se portent à votre disposition.
Vous pouvez également posez vos questions en commentaire sous ce billet, je me ferais un plaisir d'y répondre. 

Tania GARCIA-GOUIX marraine.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire